Si vous ne pouvez pas visionner cette vidéo de votre téléphone portable ou hors de France par exemple, retrouvez la sur youtube chaine Lydieka.
Le dressage est basé sur l'exploitation de l'impulsion du cheval.
Le manque de réactivité du cheval aux jambes du cavalier est un problème très fréquent et qui, touchant ce que l'on appelle les "basiques" empêche toute progression.
Comment savoir si mon cheval répond suffisamment à mes jambes ?
Si vous pouvez obtenir une réaction IMMEDIATE des postérieurs à la fraction de seconde à laquelle vous touchez votre cheval avec vos jambes, si cette réponse s'accompagne à votre demande d'une augmentation du rythme des postérieurs et / ou d'une augmentation de la vitesse et que vous sentez que vous pouvez éloigner les oreilles de vous grâce à cette propulsion, vous pouvez considérer que la réponse aux jambes est acquise.
Dans le cas contraire, les réponses peuvent être variées :
- Réponse dynamique vers l'avant mais légèrement tardive par rapport à la demande (dans ce cas, on ne peut pas contrôler totalement l'équilibre du cheval qui peut prendre le temps "d'étirer son cadre ou au contraire de s'ouvrir avant de répondre aux jambes)
- Augmentation de l'amplitude et donc de la vitesse mais avec une légère diminution du rythme des jarrets (perte d'équilibre et agrandissement du cadre)
- Aumentation du rythme mais pas de la propulsion, le cheval reste "derrière" le cavalier, ne se propulse pas réellement, ( pas de transmission de la demande à toute la ligne du dessus)
- Cheval qui "croupionne" avant de répondre vers l'avant, comme la jument au début de la vidéo (perte de propulsion, pas de possibilité de contrôle de la place des postérieurs)
- Cheval qui ne réagit qu'à une forte sollicitation.
- Cheval qui freine lorsque les jambes agissent.
- Cheval "rétif" aux jambes ( s'arrête, s'accule, recule, se cabre...)
Le cas de la jument présentée dans la vidéo touchait plutôt les dernières possibilités. La jument se retenait, differait sa réponse en croupionnant ou non en cas de petites demandes de la jambe, rétivait en cas de fortes demandes ou d'usage de la cravache...Elle incitait le cavalier à agir toutes les 2 ou 3 foulées pour maintenir la vitesse.
Sensibiliser ou éteindre ?
Toute action du cavalier, volontaire ou non, entraine un apprentissage du cheval.
En résumé, si on agit et que l'action cesse sans réaction de la part du cheval, on le désensibilise à cette sollicitation. C'est exactement ce que l'on recherche pour habituer un cheval à quelque chose qui l'inquiète. On va lui faire passer le message "si tu ne bouge pas, la sollicitation s'arrête".
Observez des cavaliers ( pas de haut niveau bien sûr ) qui font marcher un cheval au pas rênes longues dans une carrière, entre 2 phases de travail par exemple. Très souvent, vous verrez que ces cavaliers agissent avec leurs jambes de façon totalement réflexe, involontaire, en rythme avec le cheval (toutes les 3 ou 4 foulées par exemple). Le cavalier est en train de désensibiliser son cheval à cette pression, de l'éteindre à la réponse aux jambes. Pour partir au trot, il devra utiliser une pression plus forte que le cheval doit réussir à dissocier des autres actions parasites de son cavalier.
Le premier exercice pour un cavalier dont le cheval est froid aux jambes, consistera donc à se surveiller lui même, en commençant par ces phases de récupération du cheval où le cavalier n'a pas de nombreux paramètres à prendre en compte. Au pas rênes longues, penser à relâcher totalment les jambes, sitôt que le cheval freine, le toucher avec les jambes par une très petite action tout d'abord, puis s'il n'accélère pas une action moyenne, puis s'il n'y a toujours aucune accélération une forte action. Dès que le cheval se porte en avant, écarter à nouveau les jambes, remettre le cheval à la vitesse souhaitée et se relaxer totalement.
C'est un grand principe de la réponse du cheval aux jambes : Toute action de jambe doit faire accélérer. Penser à ne pas agir pour rester à la même vitesse, pour maintenir la vitesse, mais uniquement pour accélérer. Rendez le cheval responsable du maintien de sa vitesse.
S'il freine vous agirez pour réaccélerer puis cédez dans vos jambes dès qu'il a obéit. Amusez vous au début à compter combien de foulées votre cheval reste autonome. Ce nombre de foulées augmentera certainement très vite si vous arrivez à combattre vos réflexes et à n'agir que de façon réfléchie.
Vous ferez ensuite cet exercice au trot et au galop.
L'attention du cheval
Pensez comme il est difficile pour un humain déjà, de se concentrer vraiment sur plusieurs choses à la fois. Si vous faites l'exercice ci dessus au pas rênes longues, voyez comme cette situation simple et ne faisant intervenir qu'une aide à la fois vous demande déjà de l'attention.
Votre cheval a une capacité de reflexion et de concentration moindre que la votre.
C'est pour cela que les Hollandais appliquent strictement dans l'apprentissage : Une seule aide à la fois.
Car ils considèrent que le cheval ne peut se concentrer efficacement que sur une demande à la fois et que si le message est multiple, le cheval suivant son tempérament répondra à l'une ou l'autre des demandes et se désensibilisera à l'autre.
Le but est donc d'obtenir la plus grande attention du cheval à la plus petite sollicitation du cavalier.
Pour cela vous ne devez jamais brouiller le message que vous passez à travers vos jambes par une action de mains au même moment. Le cheval ne serait attentif réellement qu'à une des 2 et il faudrait alors que l'autre commence à "parler plus fort". Cette action de mains parasite est parfois totalement involontaire et résulte du mouvement vers l'avant du cheval qui entraine un recul du buste et des mains du cavalier. Le cavalier ne peut donc obtenir la plus grande attention de son cheval qu'en étant lui même très attentif à ses propres actions.
Le seuil d'attention de chaque cheval peut être affiné, on peut éduquer chaque cheval à être plus attentif à des aides plus petites, si on applique le bon timing ( ne céder ni trop tôt ni trop tard ) , si on commence toujours par l'aide la plus petite et qu'on donne au cheval la possibilité d'éviter une aide plus forte.
Le dosage de l'aide la plus forte est propre à chaque cheval, suivant sa sensibilité, certains chevaux se "ferment" totalement en cas d'aides trop fortes et le résultat est alors le contraire de l'effet escompté. C'est ce qui rendait la leçon de jambes difficiles avec cette jument, très susceptible en cas d'aides fortes.
On a essayé une "leçon de jambes" comme elle se fait traditionnellement, mais il n'y avait aucun moyen d'aller "au bout" des demandes, car la jument se retenait lors d'actions fines, et devenait rétive lors d'actions plus fortes.
Il a donc fallu jouer entre des actions fines, et très fines, en partant d'allures très lentes au trot ( je n'ai pas cette phase en images) avec un cavalier très très relâché, puis lui demander une petite accélération, avec une très petite action de jambes, ou en l'effleurant avec la cravache et la récompenser très fort dès qu'une réaction si petite soit elle était obtenue. Ainsi, la jument est devenue plus attentive au cavalier, et moins opposée systématiquement à ses actions.
Décontraction
Lorsque je vois des couples pour la première fois, il est très fréquent que les chevaux soient "ouverts" dans leur angle tête / encolure, et que la ligne du dessus soit de ce fait en schéma d'extension, contractée.
Certains chevaux réagissent à ce schéma locomoteur en fuyant, même légèrement, ils accélèrent alors légèrement dès que le cavalier veut toucher au contact, d'autres, la majorité, se retiennent.
La décontraction de l'angle tête / encolure chez ces chevaux, suivie d'un schéma de flexion de tout leur dos libère le passage de l'impulsion, et les cavaliers sentent alors les chevaux "libérés" dans leur fonctionnement et bien plus réactifs aux jambes.
Oui, mais on vient de dire qu'on ne pouvait pas utiliser les mains pendant une transition montante !
En effet, le cavalier doit s'assurer que l'encolure de son cheval est souple avant la demande de jambes, vérifier que l'angle tête encolure est relâché puis céder devant en se décontractant et fermer les jambes ensuite. Si le cheval s'ouvre dans la transition montante, on recherchera une plus grande vitesse de réaction aux jambes, ou une flexion directe un peu plus claire avant , mais on ne tient pas le cheval avec ses mains pour éviter qu'il remonte.
Equilibre
Si le cheval est relâché dans sa ligne du dessus, et que pour son confort le cavalier le travaille bas et rond, il peut arriver que le cheval soit trop bas par rapport à son activité et à la souplesse de son dos.
Le cavalier pourra alors avoir la sensation que le cheval est relâché, mais il a alors "lâché" dans son dos, et il n'y a plus de corrélation entre l'attitude devant et le fonctionnement des postérieurs. Le cavalier doit toujours sentir la propusion qui vient de l'arrière aller vers le mors.
Si le cheval ne répond pas aux jambes lorsque le cavalier lui demande, il faut parfois essayer de le lui demander une attitude un peu plus haute, privilégier la réponse aux jambes en diminuant le contrôle de l'avant et reprendre ce contrôle quand la transition montante sera passée. Lorsqu'on cherche une attitude basse et ronde, pour la majorité des chevaux une hauteur d'encolure à l'horizontale ou juste au dessus de l'horizontale est suffisamment basse par rapport à l'élasticité de leur dos. Les attitudes très rondes et basses comme vous pouvez les observer parfois sur les paddocks de détente de compétitions de haut niveau sont maitrisées par ces cavaliers avec ce niveau de chevaux mais ne doivent pas être recherchées par des cavaliers moins exercés. Cherchez l'attitude qui libère au mieux le passage des postérieurs de votre cheval, elle varie selon les chevaux et les étapes de leur dressage, et effectuez des petites variations à partir de cette attitude de base pour accroitre progressivement les possibilités de son fonctionnement.
En résumé
Si votre cheval est "froid" aux jambes, explorez toutes les possibilités. Il y a 80 pour cent de chances qu'il soit désensibilisé aux jambes ( on peut sensibiliser ou désensibiliser en queques minutes, voir en quelques secondes, ce n'est jamais acquis définitivement ) . Soyez donc bien attentif à vos actions, leur dosage, et cédez dès que possible. Vérifiez également la relaxation de la ligne du dessus de votre cheval, de nombreux chevaux se retiennent lorsqu'ils ne sont pas en schéma de flexion. Ne pensez pas que de plus forts éperons vont améliorer la réponse aux jambes, de nombreux chevaux se crispent avec les éperons, trouvez ceux qui conviennent, variez, montez parfois sans éperons, tout ce qui peut éviter de blaser votre cheval.
Encore une vidéo très intéressante. Je constate au début que la jument a visiblement très mal au dos ce qui l'empêche d'avancer. Le lien entre l'avant et l'arrière main est rompu. Le muscle grand dorsal ne joue plus son rôle. Le fait de l'étendre vers le bas la soulage ce qui peut expliquer le début de l'amélioration.
Par rapport au texte, un cheval qui n'avance pas peut également manquer de motivation pour son travail. Il faut en tenir compte et lui proposer de nouvelles choses.
lydie-kLe 04/01/2016
La jument n'avait aucune douleur, toutes les pistes avaient été explorées, elle travaillait en élongation en détente mais restait toujours derrière les jambes. Si j'ai fait ce sujet à ce moment, c'est qu'elle était vraiment atypique par rapport à tous les chevaux que j'ai monté jusque là, alors que je pensait être en mesure de régler ce problème simple avec tous les chevaux. Et elle se retenait aussi en promenade ou sur une piste de galop ou en longe. J'ai depuis eu en cours plusieurs SandroHit qui présentaient le même genre de signes. En Allemagne il y a eu un article sur le magazine St Georges par exemple où ils appelaient les Sandro Hit 1ère génération "autistes", la 2de génération ne pose pas ce problème, et les premières générations avec des mères qui ont beaucoup de sang non plus. Depuis elle s'est beaucoup améliorée, même si les sensations restent frustrantes car on la sent rarement "power" totalement "ON". Le déclencheur a vraiment été le décollement du haut de la cuisse, mais le travail latéral au galop en regroupant les forces propultrices a aussi aidé à franchir un cap.